Quelles sont la place et la fonction du père dans la société alors qu'on entre dans le sixième millénaire de l'Histoire ? C'est une question qui revient actuellement comme un leitmotiv dans la vie quotidienne, relayée par les médias. En parallèle, on peut aussi se poser les questions de la place et du rôle de l'enfant, notamment du fils.
Il y a un siècle ou seulement 50 ans, les réponses à ces questions allaient de soi, parce qu'on vivait dans une structure sociale issue du patriarcat. A l'heure actuelle, on assiste à une remise en cause profonde du rôle du père, dans la famille et la société, sous la pression de plusieurs facteurs - ce qui fait que les réponses ne vont plus de soi. Ces facteurs sont les suivants:
progrès scientifiques, notamment dans le domaine de la reproduction:
pilule contraceptive qui donne à la femme la maîtrise de la contraception,
fécondation artificielle qui permettent de contourner des infertilités jusque là non-traitables,
distinction de la paternité biologique et de la paternité d'élevage,
qu'est-ce qu'un embryon "humain" ?
nécessité de légiférer sur les modalités d'utilisation des techniques de reproduction: loi de bioéthique (1994) , déjà remise en chantier,
évolution des mœurs
poussée du féminisme
libération (partielle) de la sexualité qui devient moins tabou,
augmentation des M.S.T., avec l'apparition et la crainte du SIDA
désorganisation des structures sociales traditionnelles
éclatement de la famille, qui devient nucléaire et surtout urbaine
accès des femmes à des responsabilités professionnelles
divorce plus facile créant des familles monoparentales
droit de garde de l'enfant accordé le plus souvent à la mère
loi sur le PACS (1999)
absence des parents, laissant les enfants seuls, en dehors des heures de classe, quand ils y vont...
mise en cause du rôle de l'école, du rôle des enseignants et du contenu de l'enseignement
solitude des enfants livrés à eux-mêmes, sans repères
adolescence non encadrée, source de violences.
Les questions sur le rôle du père peuvent aussi surgir de façon plus aiguë en diverses occasions :
- infertilité prolongée
- grossesse imprévue, avortement envisagé
- maladie ou décès d'un enfant, d'un parent
- adolescence du garçon
- départ des enfants de la maison
- divorce avec garde des enfants confiés à leur mère
- mise en situation de beau-père
Il est évident que la place du père n'est plus ce qu'elle a été. Mais si les conditions d'exercice de la paternité ont changé, le rôle du père a-t-il pour autant changé? Rien n'est moins sûr.
Quelles que soient les modalités ou les circonstances, un enfant se fait à 2: un homme et une femme qui sont des "parents en désir d'enfant " - désir ancestral dont le contenu est loin d'être toujours très clair. Que cela leur plaise ou non, dès sa naissance, l'enfant commence à échapper à ses géniteurs. L'enfant qu'ils ont fabriqué ne leur appartient pas, comme l'usage du pronom possessif pourrait le laisser croire ("mon" enfant, "mon" fils...). Il n'y a pas de "droit à l'enfant": c'est l'enfant qui a un "droit à des parents" pour le conduire et l'éduquer de la naissance à l'adulte.
Les parents sont donc responsables de leur enfant - même au-delà de l'âge de la majorité. Ils ont à son égard un devoir de transmission sous toutes ses formes: éducative, intellectuelle, philosophique ou religieuse, patrimoniale, etc... C'est à la fois leur responsabilité et leur privilège.
Le père assume la transmission au masculin: le père est l'agent perturbateur et séparateur de la dyade mère-fils: le "3éme homme" de la trinité familiale. Il permet la résolution du complexe d'Oedipe.
Le père c'est la Loi, parce qu'il représente symboliquement et dans la réalité: la force et l'ordre.
Le fils, surtout au moment de l'adolescence, est un révolté, un contestataire de l'ordre social établi dans lequel il doit entrer pour devenir adulte. Ce futur père, par sa contestation, permet le progrès des idées, des techniques et de la société.
A chacun de réfléchir sur ces données, de les mettre en forme et en pratique, donc d'assumer sa responsabilité.
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